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Seriez-vous un jumeau orphelin sans le savoir ?

  • jeandelime
  • 22 mars
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 mars


Cela fait maintenant plusieurs années que je chemine autour de la mort de mon frère jumeau découvert "consciemment" il y a 3 ans.


Après avoir utilisé l'expression "jumeau perdu" qui est la référence notamment à travers du livre Le syndrome du jumeau perdu d'Alfred et Bettina Austermann, puis celle de "jumeau-né-seul" utilisée par Nicole Langlois-Meurinne dans Tout proches, je préfère utiliser aujourd'hui celle de jumeau orphelin.


Voilà comment est décrit cet adjectif dans le dictionnaire de l'Académie française : "Qui est affecté par la perte d’un être cher, qui se sent privé de protection ou d’affection. Sa mort laisse ses disciples orphelins."


Si cette question de vocabulaire incertain existe, c'est à la fois car ce phénomène a été très peu étudié et reste pour beaucoup un mystère. Mais c'est aussi car l'expérience même est singulière, subtile et profondément ancrée dans notre inconscient. Cela vient également toucher deux tabous de nos sociétés. La question et la place de la mort, notamment à travers cette expression si peu convenante qu'est la "fausse couche" ; et le grand mystère de la vie intra-utérine.


C'est un phénomène qui ne cesse de me surprendre d'autant que je rencontre de plus en plus de personnes qui le découvrent. Il peut arriver que les parents (souvent la mère) en aient parlé très tôt. L'information est là mais il y a souvent une coupure radicale entre cette information et le refoulé corporel et émotionnel de ce vécu si singulier (aussi bien pour l'enfant que pour la mère dont le deuil est d'une nature très particulière et dans un contexte où il est nécessaire en même temps de prendre soin de la vie qui reste). Il se peut également que les parents s'en souviennent au moment où l'enfant aborde la question par une découverte singulière. Il se peut aussi (cas très rare il est vrai) qu'il reste trace du jumeau mort dans le jumeau survivant (dans le cerveau par exemple).


Très souvent néanmoins, il n'y a pas de preuves "concrètes" de l'existence de ce jumeau. Le doute peut alors persister longtemps et le chemin est rendu plus subtile. Il s'agit d'avancer pas à pas dans le ressenti corporel et émotionnel sans se créer une histoire mentale inexistante. Bien souvent, on se retrouve à naviguer dans le brouillard. Il convient d'accepter cet inconnu et de faire confiance à l'inconscient.


Quand cette hypothèse apparaît, il y a bien souvent le mélange d'un doute bien normal mais aussi d'un choc profond, ainsi qu'une grande difficulté à en parler à ses proches. Moi qui ai si longtemps "oublié" l'existence de mon jumeau ou de ma jumelle, comment n'aurais-je pas peur que cette même existence ne soit pas reconnue par mes (plus) proches alors même que je suis le (seul) témoin de sa vie et de sa mort ?


Je suis frappé également de voir à quel point il est difficile de trouver des collectifs ou des communautés sur ce thème. Comme si la solitude du vécu de sa mort devait se prolonger dans ce cheminement de guérison.


Somme toute, il y a encore beaucoup à faire sur ce thème, que je vous invite à découvrir en douceur, car si vous n'êtes pas concerné personnellement, il est fort peu probable qu'un de vos proches se sentant si seul ne l'ait pas expérimenté.


Enfin, je voudrais remercier tous ceux qui osent se confier à moi tant je sais à la fois la difficulté de toucher cette blessure si saillante, l'impression de se sentir incompris et le besoin de se sentir moins seul.



 
 
 

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